Retrait de l’habilitation aéroportuaire d’un pilote de la compagnie Hop !

Décision de justice
Passer la navigation de l'article pour arriver après Passer la navigation de l'article pour arriver avant
Passer le partage de l'article pour arriver après
Passer le partage de l'article pour arriver avant

Le tribunal administratif de Montreuil suspend la décision, faute de preuves suffisantes.

Le 14 octobre 2021, l’administration a retiré à M. A., pilote de ligne de la compagnie aérienne Hop !, son habilitation à accéder aux zones de sûreté à accès réglementés des aérodromes. Cette décision était justifiée par sa proximité avec un autre pilote de ligne connu pour sa pratique rigoriste de l’Islam. Elle était également justifiée par l’adhésion personnelle de M. A à une telle pratique.

Contestant la réalité de ces faits, M. A. a demandé au juge des référés du tribunal administratif de Montreuil la suspension de cette décision.

Compte tenu de la nature de l’affaire, le président du tribunal a estimé que l’affaire devait être jugée collégialement par trois juges des référés.

Au cours de l’instruction, M. A. a produit de nombreux témoignages de commandants de bord-pilotes de ligne de la compagnie Hop ! et de personnels navigants féminins et masculins ayant effectué des vols en équipage avec lui attestant d’une vie professionnelle et sociale non affectée par sa pratique religieuse. M. A a aussi produit plusieurs documents émanant de son employeur et d’une autre compagnie aérienne faisant l’éloge de ses qualités professionnelles et le sélectionnant pour être recruté à Air France ou Transavia. Par ailleurs, M. A. a contesté entretenir des relations avec des personnes connues comme étant proches de la mouvance islamiste radicale, dont les noms n’étaient pas cités par l’administration.

L’administration a de son côté produit une note dite « blanche » reprenant les motifs de la décision de retrait de l’habilitation, mais sans apporter de précisions sur les circonstances des faits reprochés à M. A. et la date, ou du moins l’année, où les actes qui lui sont reprochés avaient été commis. Cette note, en outre, fait état de manquements très graves de M. A. aux règles de sécurité en vol en raison de sa pratique religieuse. Lors de l’audience M. A. a relevé que les manquements invoqués, qui n’auraient pas manqué d’être portés à la connaissance de sa compagnie, n’ont donné lieu à aucune suite, notamment disciplinaire.

En raison du caractère imprécis et non circonstancié des faits reprochés à M. A., une partie d’entre eux étant contredits par les pièces du dossier, les juges des référés ont estimé que l’administration n’apportait pas, à ce stade de l’instruction, les preuves suffisantes pour établir l’adhésion de M. A. à une pratique rigoriste de l’Islam et justifier de lui retirer son habilitation.  Ils ont, par suite, suspendu la décision attaquée et enjoint à l’administration de délivrer à M. A. une habilitation provisoire lui permettant d’accéder aux zones de sûreté à accès réglementé des aérodromes jusqu’au jugement au fond de l’affaire.

TA Montreuil n°2200405 (lire le jugement au format PDF)

Contact presse

Adeline CLAUDE- 01 49 20 20 05

adeline.claude@juradm.fr